L'Aigle, la Laie et la Chatte

3 décembre 2025

lafontaine
aigle
chatte
laie
sanglier
marcassin
chaton
ruse
peur

L'Aigle, la Laie et la Chatte

Dans cette histoire, 3 animaux vivent en paix à trois niveaux du même arbre : un aigle en haut, une laie, c'est à dire la femelle du sanglier en bas et une chatte entre les 2. La Fontaine raconte comment la chatte rusée va semer la peur chez ses voisines. 

Elle va d'abord faire croire à l'aigle que le cochon essaye de déraciner l'arbre pour faire tomber ses petits et les manger. Ensuite, elle va convaincre la laie que l'aigle attend qu'elle s'éloigne pour attraper ses marcassins. Les 2 voisines n'osent plus sortir de leurs nids et meurent de faim, laissant leur petits respectifs être finalement dévorés par la chatte.

La Fontaine illustre ici que la ruse et la manipulation sont parfois plus dangereuses que la force brute. La peur ou le mensonge peuvent détruire des communautés entières. C'est une mise en garde contre la perfidie des manipulateurs et l’importance de ne pas se laisser dominer par la peur suscitée par autrui.

L'Aigle, la Laie et la Chatte

L'Aigle avait ses petits au haut d'un arbre creux.
La Laie au pied, la Chatte entre les deux ;
Et sans s'incommoder, moyennant ce partage,
Mères et nourrissons faisaient leur tripotage.
La Chatte détruisit par sa fourbe l'accord.
Elle grimpa chez l'Aigle, et lui dit : Notre mort
(Au moins de nos enfants, car c'est tout un aux mères)
Ne tardera possible guères.
Voyez-vous à nos pieds fouir incessamment
Cette maudite Laie, et creuser une mine ?
C'est pour déraciner le chêne assurément,
Et de nos nourrissons attirer la ruine.
L'arbre tombant, ils seront dévorés :
Qu'ils s'en tiennent pour assurés.
S'il m'en restait un seul, j'adoucirais ma plainte.
Au partir de ce lieu, qu'elle remplit de crainte,
La perfide descend tout droit
A l'endroit
Où la Laie était en gésine.
Ma bonne amie et ma voisine,
Lui dit-elle tout bas, je vous donne un avis.
L'aigle, si vous sortez, fondra sur vos petits :
Obligez-moi de n'en rien dire :
Son courroux tomberait sur moi.
Dans cette autre famille ayant semé l'effroi,
La Chatte en son trou se retire.
L'Aigle n'ose sortir, ni pourvoir aux besoins
De ses petits ; la Laie encore moins :
Sottes de ne pas voir que le plus grand des soins,
Ce doit être celui d'éviter la famine.
A demeurer chez soi l'une et l'autre s'obstine
Pour secourir les siens dedans l'occasion :
L'Oiseau Royal, en cas de mine,
La Laie, en cas d'irruption.
La faim détruisit tout : il ne resta personne
De la gent Marcassine et de la gent Aiglonne,
Qui n'allât de vie à trépas :
Grand renfort pour Messieurs les Chats.
Que ne sait point ourdir une langue traîtresse
Par sa pernicieuse adresse ?
Des malheurs qui sont sortis
De la boîte de Pandore,
Celui qu'à meilleur droit tout l'Univers abhorre,
C'est la fourbe, à mon avis.

LIVE