17 septembre 2025
Inspirée encore une fois d'Esope (dans sa fable "L'Aigle, le Choucas et le Berger"), l'histoire qui va suivre est une mise en garde contre la vanité et les méfaits de l'imitation.
Ici, un Aigle va enlèver un mouton. Un corbeau, témoin de la scène, va s'en inspirer et tenter lui aussi de faire la même chose. Il va choisir dans la bergerie le mouton le plus gros, le plus touffu et celui qui semble le plus appétissant. Mais, par malheur, sa tentative va échouer lamentablement. Le mouton est trop gros pour le corbeau et sa laine trop épaisse. Le pauvre corbeau se fait même capturer par le berger et va finir enfermé, à servir de jouet pour les enfants de ce berger.
La morale de cette fable n'est pas sans rappeler celle de la grenouille et du boeuf et invite tout un chacun à l'humilité avant de se lancer dans des entreprises qui dépassent nos compétences.
Le Corbeau voulant imiter l'aigle
L'Oiseau de Jupiter enlevant un Mouton,
Un Corbeau témoin de l'affaire,
Et plus faible de reins, mais non pas moins glouton,
En voulut sur l'heure autant faire.
Il tourne à l'entour du troupeau,
Marque entre cent Moutons le plus gras, le plus beau,
Un vrai Mouton de sacrifice :
On l'avait réservé pour la bouche des Dieux.
Gaillard Corbeau disait, en le couvant des yeux :
Je ne sais qui fut ta nourrice ;
Mais ton corps me paraît en merveilleux état :
Tu me serviras de pâture.
Sur l'animal bêlant, à ces mots, il s'abat.
La moutonnière créature
Pesait plus qu'un fromage; outre que sa toison
Etait d'une épaisseur extrême,
Et mêlée à peu près de la même façon
Que la barbe de Polyphème.
Elle empêtra si bien les serres du Corbeau,
Que le pauvre Animal ne put faire retraite.
Le Berger vient, le prend, l'encage bien et beau
Le donne à ses enfants pour servir d'amusette.
Il faut se mesurer ; la conséquence est nette :
Mal prend aux volereaux de faire les voleurs.
L'exemple est un dangereux leurre.
Tous les mangeurs de gens ne sont pas grands Seigneurs :
Où la Guêpe a passé, le Moucheron demeure.
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